dimanche 4 mars 2018

« Les animaux malades de la peste » [1] au XXIème siècle

« Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste [puisqu'il faut l'appeler par son nom]
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. »
Une nouvelle peste est décrite dans un dossier complet paru dans Valeurs Actuelles de décembre dernier. Dossier courageux car ose briser le tabou consensuel et habituel sur le sujet abordé. Il honore donc cette revue.

Le mal mortel, qui y est décrit, est avant tout moral : la pornographie! 
  
L’Achéron, fleuve des enfers de la mythologie grecque, équivaut donc à l’Enfer des chrétiens ou de ceux qui y croient encore et auxquels il inspire, à juste titre, la plus grande mais salutaire terreur [2].

Que Dieu abandonne à ce point les hommes d’aujourd’hui à ce vice peut être considéré comme un châtiment et l’un des pires puisque pas seulement les corps sont frappés, comme par la peste, mais surtout les âmes, mettant en grand danger leur salut éternel. 

Qu’il y ait de nos jours des crimes à punir et qui crient même vengeance au Ciel, est une évidence : l’avortement, le « mariage pour tous » et les autres négations de la loi naturelle auxquelles il faut malheureusement ajouter celles de la loi surnaturelle, notamment avec la nouvelle pastorale papale en faveur des divorcés remariés (illégitimement)…

« Tous étaient frappés » : « à l’école, sur internet, dans les familles… », sous-titre notre hebdomadaire pourtant pas toujours foudre de guerre!
« On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient.
Plus d'amour, partant plus de joie. »
D’où vient cette perte de goût des choses ordinaires de la vie ? C’est le propre d’une addiction que de dévorer ainsi énergie et temps. Comment se contracte-t-elle ? Par ignorance, voire par mépris, des recommandations des bons auteurs spirituels [3], unanimes à dire que l’inclination naturelle à la luxure, séquelle universelle [4] du péché originel, est si forte que la seule parade efficace est autant que possible la fuite des occasions dangereuses (avec la prière concomitante). Toute présomption en la matière se paie cash et cher (à tout point de vue) !
« Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse. »
Telles devraient être les paroles de sagesse de tout clerc et même de tout gouvernant dignes de ce nom, devant normalement rechercher le bien véritable de leurs sujets ! Il n’en est pour ainsi dire rien. Au contraire :
« Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints. »
Est bien vrai le proverbe : « nul ne peut être (bon) juge (déjà de soi même) et partie » !... Ainsi que l’adage : « à force de ne pas agir comme on pense, on finit par penser comme on agit » ! Perversion volontaire des consciences qui a fait les pires hypocrites, les pharisiens d’hier et les libéraux ou libertaires d’aujourd’hui, se permettant tout mais accablant et persécutant ceux qui, au nom de la morale, savent s’interdire non, certes, sans faiblesses:
« L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
A l’époque du fameux fabuliste ou dans le doux royaume de France d’alors, tout « honnête homme » un tant soit peu instruit ou toute « tête bien faîte » était profondément imprégnée de bonne doctrine et avait la foi catholique, même si non exemplaire en tout point. On savait donc qu’en tout temps Dieu exigea des victimes expiatoires et des boucs émissaires. Et parmi les plus innocents comme l’agneau pascal. Car, s’Il est infiniment miséricordieux ou toujours prêt à pardonner, ce n’est pas sans exiger une réparation, à commencer par le repentir sincère du cœur. L’âne en est une belle figure et Jésus-Christ en est la plus parfaite réalisation [5], condamné de la façon la plus inique par ceux que l’on sait. Mais en réalité condamné à notre place par Dieu afin de mériter, grâce à son innocence parfaite, et d’appliquer le pardon de leurs crimes aux hommes malgré tout de bonne volonté. Puissent ils être nombreux par les temps si corrompus qui courent! 

Puissent ELLES aussi être nombreuses ! Car, s’il est vrai que la corruption dont nous parlons fut longtemps l’apanage du premier sexe, en qui « la concupiscence est plus grande » [6], les enquêtes récentes montrent qu’il n’en est plus rien. Le vrai visage d’un certain féminisme est ainsi découvert : l’envie, autre grand vice, est sa motivation ! Mais l’envie la plus basse, de ce qu’il y a de pire comme le libertinage. D’où toutes les « avancées » pour « libérer » la femme de la maternité (contraception, avortement), son travail naturel, et encourager le travail hors du foyer familial qui le favorise. Belle avancée, merveilleux progrès sera ce que d’avoir bientôt non seulement des Mmes Putiphar [7] mais aussi des violeuses en série et des « Barbes Bleues » [8] !!

Quand Notre Dame dit que ce vice est celui qui entraîne le plus d’âmes en Enfer [9], les faits semblent malheureusement le confirmer. Bon Carême !


  1. de Jean de La Fontaine (1621-1695), Les fables - Recueil II, livre VII 
  2. un seul péché mortel non regretté et non confessé suffit à y faire tomber pour l’éternité /3/ 
  3. fidèles à l’Evangile : « si ton œil est pour toi un sujet de scandale (…) jette le loin de toi etc. » (Mathieu, 17)
  4. comme tous les péchés capitaux au nombre de sept 
  5. ce que doit aussi être tout vrai chrétien en union avec J.C. : selon les capacités de chacun
  6. St Jean Chrysostome, homélie 34 sur la Ière Epître aux Corinthiens
  7. la femme de l’eunuque du pharaon qui chercha à séduire le patriarche Joseph (Genèse, 39) 
  8. comment ne pas voir un rapport de cause à effet entre ce qu’offre notamment internet (en pornographie et en violence extrême) et la multiplication effrayante des crimes les plus crapuleux, horribles, lâches et abjects ?! 
  9. même s’ils sont en soi moins graves que les péchés de l’esprit