samedi 21 juillet 2018

L’équipe de France et la Fraternité

La victoire retentissante au niveau mondial, que notre pays vient de célébrer comme il convient, a été avant tout celle d’une équipe (remplaçants et encadrement compris) et non de la somme de talents individuels (réels et aussi indispensables). Tel est le message qu’entraîneur et joueurs n’ont de cesse de faire passer et dont la vérité est mise en évidence par le documentaire et reportage sur la vie interne du groupe, pendant la préparation prochaine et le déroulement de la compétition, qui a été diffusé juste après. Le parfait esprit de camaraderie qu’il révèle en même temps que la non moins parfaite unité par rapport à l’autorité sont aussi émouvants à découvrir que le triomphe qui s’en est suivi.

Dans le milieu catholique traditionnel où il est de bon ton de balayer d’un revers de main méprisant les évènements mondains, non sans, assez souvent, quelques bonnes raisons, on serait bien inspiré de méditer cet exemple de belle réussite, certes que mondaine, comme le Nouveau Testament nous y invite, parfois, par manière de parabole (les coureurs du stade, l’intendant malhonnête, par ex.). Oui, tout spécialement à l’aube d’un nouveau et relativement long règne à la tête de la Fraternité St Pie X, on ne peut s’empêcher de penser aux divisions graves qui ont marqué et gâché le règne précédent, en honorant fort mal son beau nom (« Fraternité »), et qu’il ne faudrait, d’ailleurs, pas croire trop vite totalement disparues ou non encore latentes.

Sans doute est-il beaucoup plus difficile d’établir un parfait esprit d’équipe dans un tel groupe de près d’un millier de membres (sans compter bien sûr les fidèles par dizaines de milliers) dispersés sur la terre entière qu’au sein d’une cinquantaine de personnes vivant en un petit vase clos et motivées par de très séduisantes récompenses terrestres à court terme. Naturellement parlant il est évident que c’est même impossible ! Mais n’est-on pas censé vivre là au niveau surtout surnaturel, c.-à-d. de la foi, de l’espérance et de la charité qui rendent cela tout à fait possible et normalement encore plus parfait comme à l’échelle de l’Eglise tout entière ? On peut donc parler d’un certain échec de cette Fraternité non seulement en interne mais aussi en externe car comment son influence n’en pâtirait elle pas sur les âmes, en général, et sur les esprits romains, en particulier, qu’elle veut tous ramener à la pure Tradition de l’Eglise ? Les derniers, fins politiques, ont beau jeu, alors, d’exploiter cette faiblesse pour leurs desseins pas nécessairement très catholiques…

Qu’est ce que le véritable et parfait esprit d’équipe ou de fraternité ? C’est, tout d’abord et au moins, le règne d’une bienveillance sincère, et non de façade, entre tous les membres. C’est aussi celui d’une véritable confiance mutuelle qui donne à chacun l’assurance de la solidarité inconditionnelle. Ce sont surtout le respect et la confiance non moins réels envers l’autorité laquelle, en retour, assure, alors mais dans ce cas seulement, la parfaite unité d’action du groupe avec une efficacité maximale.

A cela s’oppose tout le mal causé au prochain, en général, et à l’autorité, en particulier, par la langue ou la plume: persifflage et mauvais esprit qui entraînent forcément désobéissance ou refus de coopérer à l’œuvre commune du groupe pour lui préférer ses petites vues et fins « perso ». A ce sujet nul ne peut ignorer les graves avertissements de St Jacques et, à sa suite, de tous les maîtres spirituels dont celui-ci stigmatisant le bavard : « toute sa vie de fond passe sur ses lèvres et s’écoule dans les flots de paroles qui emportent les fruits de plus en plus pauvres de sa pensée et de son âme. Car le bavard n’a plus le temps et bientôt plus le goût de se recueillir, de penser ni de vivre profondément. Par l’agitation qu’il crée autour de lui il empêche chez d’autres le travail et le recueillement féconds. Superficiel et vain le bavard est un être dangereux » (R.P M.-Eugène de l’E.-J., o.c.d.) ! « Dangereux » car c’est de cette perte de la charité que découle sans doute, entre autres, l’esprit de parti ou d’a priori défavorable par lequel on n’accorde sa confiance qu’aux uns et pas aux autres en excluant, de fait mais sans aucun droit, ces derniers du groupe.

Sans doute le charisme naturel du chef joue-t-il dans l’unité également naturelle d’un groupe mais il n’est pas nécessaire au niveau surnaturel où nous nous situons et où c’est l’action de la grâce ou du St Esprit qui est primordiale. Donc son absence ne peut en aucune façon excuser la rébellion.

Comme l’équipe de France de balle au pied, et bien plus encore, la Fraternité St Pie X est engagée dans une compétition de niveau mondial dont l’objectif est la contribution au salut éternel du plus grand nombre d’âmes. D’abord, certes, par les moyens surnaturels mais sans mépriser les naturels dont Dieu est aussi l’auteur. Comme celui-ci consacré par l’adage : « on n’attire pas les mouches avec du vinaigre ». Comment, en effet, provoquer l’enthousiasme pour la Tradition, que l’on incarne, sans afficher comme nos actuels champions du monde de parfaites entente et unité ? Car de là découlent le grand bonheur du « vivre ensemble » puis le succès quasiment assuré ; donc la joie intense, communicative et contagieuse…